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LE JOUR OU TOUT AVAIT BASCULE
3 avril 2007

LE DEPART

Nous avions rejoint un petit groupe d’enfants apparemment très joyeux par ce qu’il nous avait fallu nous éloigner d’eux pour pouvoir se parler. Ils avaient très peu ou pas du tout de bagage. Je me tenais à part, avec mes deux grosses valises, je ne cadrais pas avec la bonhomie du groupe. Habillé de neuf, je ressemblais à un touriste espagnol. Maman et Tante me faisaient les dernières recommandations lorsque des sœurs venaient vers nous au moment où Papa partait avec mes valises pour les faire enregistrer.

D’office, les sœurs me plaquaient un bébé tout nu dans les bras. Elles disaient que j’étais le plus grand du groupe et donc, que j’avais la responsabilité du groupe, le bébé compris. Machinalement, j’enveloppais le petit enfant dans le cache nez de grand père. Tante m’avait donné une relique religieusement conservé. C’était une écharpe en laine bleue sur une face et rouge de l’autre. Cette pièce d’étoffe avait été offert à Grand Père par un ami de la famille, Monsieur Charles ODAKA. Plus tard, j’apprendrait que cet homme était venu au secours de notre famille lorsque l’armée nipponne devait nous arrêter.

 

L’avion avait décollé. A force d’admirer le monde en miniature et poussé des cris d’émerveillement, les enfants s’étaient assoupis. Je pouvais enfin réfléchir en paix sans être dérangé. Pendant que l’avion m’emportait en s’éloignant inexorablement de mes parents, alors que tous les autres enfants s’agitaient en riant, moi, j’avais mal au ventre et je tremblais si fort qu’il me fallait me cramponner à tel point que l’hôtesse de l’air avait été dans l’obligation de boucler la ceinture pour moi. Elle n’étais pas très contente de moi par ce qu’elle criait très fort, surtout lorsque j’avais laissé tomber l’enfant. Je me demande encore s’il n’était pas mort. Il ne s’était pas réveillé de tout le voyage. Pendant l’arrêt à Carachi, (je crois que c’était en Inde), il faisait une telle moiteur dehors que j’avais préféré rester dans l’avion plutôt que de me dégourdir les gambes.

 

Nous avions débarqué en France, à Roissy en pleine nuit. J’avais récupéré mes grosses valises. On nous avaient regroupé dans un coin. J’étais assis sur mes valises en serrant l’enfant  pour avoir chaud. Tout autour, les autres continuaient à dormir. Je semblais veiller sur ce petit monde endormi. Je n’avais plus ce bourdonnement qui me faisait mal aux oreilles et je savourais cette fraîcheur que je reconnaissais. J’étais déjà venu visiter la France quelques années plus tôt et j’en avais gardé de particuliers souvenirs. Il y avait comme de la joie en moi. Quelque chose me disait qu’il fallait tout oublier et revivre, revivre autrement. Surtout, il faut mettre sous clef mes souvenirs passés.

 

Des gens passaient. Tous nous regardaient, certains s’arrêtaient un moment. Un petit garçon ou une petite fille m’avait donné quelque chose que j’avais mangé. Je me rappelle de cette femme accompagnée de sa famille et qui était resté à nous regarder longtemps. Elle pleurait bruyamment et j’avais faillis pleurer aussi. En fait, j’étais pris d’un fou rire, je me tordais à mourir, réveillant les autres et pour finir, tout le monde avaient rigolé aux larmes.

En effet, les larmes avaient défait le maquillage de la dame. Cela lui composait une telle figure que cela devenait irrésistible.

Nous étions tous bien éveillés lorsque des sœurs étaient venues me prendre l’enfant. On nous avaient fait prendre un frugal petit déjeuner sur place. Une sorte de pique-nique matinale. Puis on avait embarqué dans une fourgonnette et on avait roulé, roulé, roulé. Comme je ne pouvais rien voir dehors, je m’étais endormi. Après plusieurs arrêts pipis, on avait débarqué à l’entrée d’une très grande maison très accueillante avec ses rangées de fenêtres d’où filtraient des voix d’enfants heureux.

Je crois que c’était une école. De la rue, on entrait dans un grand hall. A gauche, il y avait la salle à manger. A droite, il y avait les bureaux, la réserve où on avait entreposé nos bagages, une salle de repassage, l’infirmerie, etc…

Au dessus étaient les dortoirs sur deux étages. Comme il y avait une pente, le hall qui était au niveau de la route, surplombait une très grande cour aux grands marronniers. Au niveau ce cette cour, sous le hall d’entrée donc, il y avait les cuisines, l’économat, les douches, la chaufferie et la réserve à charbon.

 

Au milieu de la cour, il y avait une construction  qui devait être les salles e classe, par ce qu’il y avait une verrière tout autour, au premier étage, et en bas, une cour couverte avec une rangée de wc.

 

La vie au foyer de Vouvray, c’était le nom de cette endroit, avait commencé par une douche. On s’était dépouillé de tous nos vêtements dans une petite pièce avant de pénétrer dans le brouillard de la douche. J’avais honte et je n’étais pas le seul. On se cachaient le zizi avec les mains. Moi, je m’étais précipité vers un coin et qui sera toujours le mien pour toutes les douches à venir.

 

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LE JOUR OU TOUT AVAIT BASCULE
  • EXODE VERS LA FRANCE. Lorsque j’aurai l’esprit moins préoccupé, je reprendrai ceci pour faire naître d’autres émotions. Je ne me suis jamais lamenté, pour la simple raison que je ne me compare pas. 2013 marque le début et la fin de 1000 et 1 choses.
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